Les Lundis au Soleil (Los
Lunes al Sol)
Un film de Fernando Leon de Aranoa
Avec Javier Bardem, Serge Riaboukine, Luis Tosar, Nieve de Medina, Jose Angel Egido…
Ce film de Fernando Leon de Aranoa raconte l’histoire d’un groupe d’hommes, chômeurs depuis la fermeture de leur chantier naval, pour cause de mondialisation galopante.
Ce film s’inscrit dans une lignée de films sociaux, qui témoignent de la brutalité de la mondialisation en Europe, où les industries historiques, notamment celle des chantiers navals, ont été frappées de plein fouet et durent fermées.
Tous ces licenciements massifs et brutaux ont mis à la rue des dizaines de travailleurs, dans des zones où peu d’entreprises font vivre des centaines, voire des milliers de personnes.
C’est cette histoire que raconte le cinéaste. L’histoire d’hommes trop vieux pour tout recommencer, pas assez pour ne plus travailler. L’histoire maintes fois ressassée de ces hommes dont la vie se dilate peu à peu, perdant le travail mais aussi leur identité sociale, leur famille, leurs amis. Se battre pour retrouver sa dignité, ne pas se laisser abattre et emporter par l’alcool ou la dépression. C’est aussi cela que raconte le film, ceux pour qui les dimanches sont chaque jour, un jour de plus à errer.
Sans porter de jugement, ni faire de cette misère une comédie comme dans The Full Monty, Leon de Aranoa se concentre sur ses personnages et filme leur errance. Parmi eux, Santa, interprété par Javier Bardem, toujours excellent et impressionnant. Âgé de 32 ans à l’époque du rôle, il incarne pourtant avec une grande justesse cet homme plus proche de 50 ans que de 30 ans. A ses côtés, on a plaisir à retrouver Serge Riaboukine, russe exilé en Espagne, Jose Angel Egido ou Luis Tosar, des figures du cinéma espagnol.
Los Lunes al Sol se suit comme un documentaire, l’itinéraire d’un homme qui se détruit peu à peu depuis qu’il n’a plus de travail et qui s’est résolu à ne plus en avoir, errant avec ses amis au café, traînant près des chantiers où il travaillait. Même si l’ont n’est pas familier des chantiers navals, il est aisé d’imaginer la vie qu’il y régnait avant que les licenciements n’arrivent, on imagine ces hommes en train de travailler, de plaisanter, de passer du temps avec leurs familles, leurs amis. Avant que tout ne soit bouleversé.
Le cinéaste filme presque comme un documentaire, ne cherchant pas à diaboliser le patronat, ni à compatir avec les chômeurs. Il filme simplement, dressant un constant brutal de nos sociétés occidentales, ternies et rattrapées par le chômage et la précarité.
En cela, Les Lundis au Soleil vaut le détour. La réalisation épurée de Fernando Leon de Aranoa et l’interprétation des comédiens fait le reste.
Si vous aimez le cinéma « social », Javier Bardem (interprète de Ramon Sampedro dans Mar Adentro), n’hésitez pas à découvrir Los Lunes al Sol.
Arnaud Meunier
04/12/2005